Près de la nuit hermaphrodite
À croissance à peine retardée
Les lampes et leur venaison sont sacrifiées
Mais dans l’œil calciné des lynx et des hiboux
Le grand soleil interminable
Crève-cœur des saisons
Le corbeau familial
La puissance de voir que la terre environne.
Il y a des étoiles en relief sur une eau froide
Plus noires que la nuit
Ainsi sur l’heure comme une fin l’aurore
Toutes illusions à fleur de mémoire
Toutes les feuilles à l’ombre des parfums.
Et les filles des mains ont beau pour m’endormir
Cambrer leur taille ouvrir les anémones de leurs seins
Je ne prends rien dans ces filets de chair et de frissons
Du bout du monde au crépuscule d’aujourd’hui
Rien ne résiste à mes images désolées.
En guise d’ailes le silence a des plaines gelées
Que le moindre désir fait craquer
La nuit qui se retourne les découvre
Et les rejette à l’horizon.
Nous avions décidé que rien ne se définirait
Que selon le doigt posé par hasard sur les commandes d’un appareil brisé.
La vie immédiate
Un poème de Paul Eluard