Va, chanson, à tire-d’aile
Au-devant d’elle, et dis-lui
Bien que dans mon coeur fidèle
Un rayon joyeux a lui,
Au-devant d’elle, et dis-lui
Bien que dans mon coeur fidèle
Un rayon joyeux a lui,
Dissipant, lumière sainte,
Ces ténèbres de l’amour :
Méfiance, doute, crainte,
Et que voici le grand jour !
Longtemps craintive et muette,
Entendez-vous ? la gaîté
Comme une vive alouette
Dans le ciel clair a chanté.
Va donc, chanson ingénue,
Et que, sans nul regret vain,
Elle soit la bien venue
Celle qui revient enfin.
La bonne chanson
Paul Verlaine