Un homme a commis un crime. Écartons la peur que quelqu’un arrive tout de suite, l’anxiété du visage à montrer au monde, la terreur du monde armé contre lui. Écartons la préoccupation de se sauver, de s’en aller comme si rien ne s’était passé mettons qu’il ait la certitude de s’en tirer. Ne reste-t-il pas pour autant un abîme d’horreur, la certitude que la victime adorée ou abhorrée n’existe plus, ne sera plus rien ni pour notre haine ni pour notre amour ? L’angoisse d’une nouvelle vie à refaire, parce que nous sommes morts, nous aussi, avec la victime, la brusque défaillance de toute notre substance, qui si le crime était vraiment passionnel faisait un tout avec l’existence de la victime ?
Cesare Pavese Le métier de vivre
Une citation sur la peur