Tout homme a ses douleurs. Mais aux yeux de ses frères
Chacun d’un front serein déguise ses misères.
Chacun ne plaint que soi. Chacun dans son ennui
Envie un autre humain qui se plaint comme lui.
Chacun d’un front serein déguise ses misères.
Chacun ne plaint que soi. Chacun dans son ennui
Envie un autre humain qui se plaint comme lui.
Nul, des autres mortels, ne mesure les peines
Qu’ils savent tous cacher comme il cache les siennes
Et chacun, l’oeil en pleurs, en son coeur douloureux
Se dit : – Excepté moi, tout le monde est heureux.
– Ils sont tous malheureux. Leur prière importune
Crie et demande au ciel de changer leur fortune.
Ils changent; et bientôt versant de nouveaux pleurs,
Ils trouvent qu’ils n’ont fait que changer de malheurs.
Un poème d’André Chénier