Où l’asphodèle embaume, où jase maint oiseau,
Entre des oliviers dont le front s’ensoleille,
Sous un abri de toile ombreux comme un berceau,
La Vierge mère est là qui tourne son fuseau,
Au bord d’un lac doré par l’aube qui s’éveille.
À sa gauche, tout près, son enfant gracieux,
― Sur lequel de la croix l’ombre déjà se pose, ―
En regardant le ciel, vient de fermer les yeux.
On croirait voir en lui sommeiller une rose ;
Et la mère contemple, heureuse qu’il repose,
A sa gauche, tout près, son enfant gracieux.
Autour du doux Jésus endormi sur la laine
Prise aux brebis qu’on voit paître dans le lointain,
Tout attendris les vents retiennent leur haleine,
L’onde du lac suspend son murmure argentin
Dans la sérénité pensive du matin,
Autour du doux Jésus endormi sur la laine.
Pendant qu’il dort ainsi dans son berceau mollet,
Ineffablement blanc dans la blancheur des langes
Et tout illuminé d’un céleste reflet,
Tout à coup, effleurant les oliviers, des anges
Accourent l’adorer et chanter ses louanges,
Pendant qu’il dort ainsi dans son berceau mollet.
Les envoyés du Ciel, à l’ombre des ramures,
Disent tout bas, les yeux sur l’enfant endormi :
― Ne l’éveillez pas, lac, oiseaux, chants et murmures. ―
Et lui, parfois ouvrant sa paupière à demi,
Semble entendre parfois dans l’ombre qui frémit
Les envoyés du Ciel, à l’ombre des ramures.
Le chœur divin répète : ― Oh ! laissez-le dormir,
Laissez-le reposer à côté de sa mère ;
Trop tôt, hélas ! il doit s’éveiller et gémir
En songeant qu’au lointain se dresse le Calvaire. ―
Le chœur divin répète : ― Oh ! laissez-le dormir !
Et Jésus en rêvant continue à sourire,
Bercé dans son sommeil par les anges du Ciel,
Et, radieux et beau, son rêve semble dire :
― Terre, réjouis-toi ! rends grâce à l’Éternel :
L’enfant qui dort sera le sauveur d’Israël ! ―
Et Jésus en rêvant continue à sourire.
Les Aspirations
William Chapman