Dans cette étroite cellule repose sa poussière, cette poussière que
tant de vie animait naguère ; le Roi des Épouvantements en a fait sa
proie ; ni le mérite, ni la beauté, n’ont pu racheter sa vie.
Oh ! si ce Roi des Épouvantements avait pu se laisser attendrir ! si le
Ciel avait réformé son rigoureux décret, celui qui la pleure n’aurait
pas de regrets à faire parler ici ; ce n’est pas ici que la Muse
raconterait ses vertus.
Mais pourquoi pleurer ? Son àme incomparable a pris son vol par delà
les régions où brille l’astre du jour ; et des anges en pleurs la
conduisent vers ces bosquets sacrés où la Vertu est récompensée par des
plaisirs sans fin.
Et nous, mortels présomptueux, irons-nous accuser le Ciel et nous
élever follement contre la divine providence ? Ah ! loin de moi des
pensées aussi vaines ! – Je ne refuserai point à mon Dieu l’hommage de
ma résignation.
Et pourtant il est doux le souvenir de ses vertus ; elle est fraîche et
vivante la mémoire de sa beauté. Mes pleurs n’ont point cessé de couler
pour elle ; et son image a gardé dans mon cœur sa place accoutumée.
Poésie
Lord Byron