Vous vous rapportez fort avec les autres fleurs,
Car l’excès des humeurs comme vous les fait naître,
Et vous tombez aussi par l’excès des chaleurs.
Comme les fleurs nous font aimer le jardinage,
Nous tirant par les yeux d’un fort enchantement,
On dit que vous pouvez faire aimer davantage
Si trompé l’on vous peut savourer seulement.
Quelques fleurs, ce dit-on, apportent allégeance
Aux cerveaux affaiblis par étude lassés,
Après un long travail vous avez la puissance
De donner du repos aux maris harassés.
Oui, vous êtes du tout aux autres fleurs semblables,
Car le fruit peu à peu par elles se produit,
Et lorsque l’on vous voit, ce sont signes probables
Que celles qui vous ont sont capables de fruit.
Toutefois les jardins fleuris de telle sorte
S’aiment tant plus qu’ils sont émaillés de couleurs,
Mais lorsque vous venez, le jardin qui vous porte
Ne peut s’aimer qu’après qu’il a perdu ses fleurs.
Un poème d’Estienne Durand