Quand j'aurai ce contentement
De te voir sans empêchement,
Objet unique de ma joie,
Cher maître de ma volonté,
À quoi voudras-tu que j'emploie
Les heures de ma liberté ?
Je ne veux point servir de nombre,
Suivant après toi comme une ombre :
Dès qu'un maître que j'aimais bien,
M'eut traité dans cette coutume,
Les douceurs de son entretien
Me tournèrent en amertume.
Il est vrai qu'un sort malheureux
Par un astre bien ténébreux
Conduisait le train de ma vie,
Quand les Dieux, touchez de pitié,
Malgré les hommes et l'envie,
Me donnèrent ton amitié.
Depuis, un insensible orgueil
De voir mes malheurs au cercueil,
M'a donné tant d'ingratitude
Que je ne puis sans déplaisir
Permettre que la servitude
Prenne une heure de mon loisir.