Soldat libre, au léger bagage,
J’ai mis ma pipe à mon chapeau,
Car la milice où je m’engage
N’a ni cocarde ni drapeau.
J’ai mis ma pipe à mon chapeau,
Car la milice où je m’engage
N’a ni cocarde ni drapeau.
La caserne ne me plaît guère,
Les uniformes me vont peu ;
En partisan, je fais la guerre,
Et je campe sous le ciel bleu.
La liberté, que l’on croit morte
Pour quelques heures de sommeil,
Près de moi se chauffe à la porte
De ma tente ouverte au soleil.
Je suis sourd au clairon d’un maître,
La consigne expire à mon seuil ;
Nul, hormis Dieu, ne peut connaître
Ce grand secret de mon orgueil.
Parmi les champs de poésie
Je fourrage, sans mission ;
Le capitaine est fantaisie,
Le mot du guet occasion !
Et, loin de la poussière aride
Où sont marqués les pas humains,
Je cours, sur un cheval sans bride,
Dans des campagnes sans chemins !…
Poète Louis Bouilhet