L’âme des labours assoupis
Berce d’une hymne somnolente
L’enfance des futurs épis ;
Et, triste, la mer de Bretagne
Se prend à gémir, dans le soir.
Par les sentiers de la montagne,
Commence à rôder le Mois Noir.
Et les cloches ont l’air de veuves,
Dans les clochers silencieux…
Nous n’irons plus aux aires-neuves !
Voici l’hiver, le temps des vieux.
Pour le départ des alouettes,
Tintent les glas des abandons.
Pleurez, ô chapelles muettes,
Les cierges éteints des Pardons !
… Avec les oiseaux de passage,
Les Clercs s’en vont aux premiers froids.
Ils emportent, selon l’usage,
Leurs livres, noués trois par trois.
L’automne est la saison dolente.
Les mères, sur le seuil, longtemps,
De leur bénédiction lente
Encouragent les hésitants ;
Car, près d’enjamber la barrière,
Plus d’un a suspendu son pas,
Comme si des voix, par derrière,
Lui chuchotaient : « Ne t’en va pas ! »
Poèmes votifs
Anatole le Braz