S'il est vrai que le ciel ait sa course éternelle,
Que l'air soit inconstant, la mer sans fermeté,
Que la terre en hiver ne ressemble à l'été,
Et que pour varier la nature soit belle ;
S'il est vrai que l'esprit d'origine immortelle,
Cherchant toujours d'apprendre, aime la nouveauté,
Et si même le corps, pour durer en santé,
Change avec les saisons de demeure nouvelle ;
D'où vient qu'étant forcé par la rigueur des cieux
À changer, non de coeur, mais de terre et de lieux,
Je ne guérisse point de ma vive pointure ?
D'où vient que tout me fâche et me déplaise tant ?
Hélas ! c'est que je suis seul au monde constant
Et que le changement est contre ma nature.