Si tu veux vivre en cour, Dilliers, souvienne-toi
De t’accoster toujours des mignons de ton maître,
Si tu n’es favori, faire semblant de l’être,
Et de t’accommoder aux passe-temps du roi.
Souvienne-toi encor de ne prêter ta foi
Au parler d’un chacun: mais surtout sois adextre,
Dextre A t’aider de la gauche autant que de la dextre,
Et par les moeurs d’autrui à tes moeurs donne loi.
N’avance rien du tien, Dilliers, que ton service,
Ne montre que tu sois trop ennemi du vice,
De t’accoster toujours des mignons de ton maître,
Si tu n’es favori, faire semblant de l’être,
Et de t’accommoder aux passe-temps du roi.
Souvienne-toi encor de ne prêter ta foi
Au parler d’un chacun: mais surtout sois adextre,
Dextre A t’aider de la gauche autant que de la dextre,
Et par les moeurs d’autrui à tes moeurs donne loi.
N’avance rien du tien, Dilliers, que ton service,
Ne montre que tu sois trop ennemi du vice,
Et sois souvent encor muet, aveugle et sourd.
Ne fais que pour autrui importun on te nomme.
Faisant ce que je dis, tu seras galant homme:
T’en souvienne, Dilliers, si tu veux vivre en cour.
Les Regrets
Joachim Du Bellay