Qu’on m’arrache le coeur, qu’on me fasse endurer

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Qu’on m’arrache le coeur, qu’on me fasse endurer
Le feu, le fer, la roue, et tout autre supplice,
Que l’ire des tyrans dessus moi s’assouvisse,
Je pourrai tout souffrir sans gémir ni pleurer.

Mais qu’on veuille en vivant de moi me séparer,
M’ôter ma propre forme, et par tant d’injustice
Vouloir que sans mourir de vous je me bannisse,
On ne saurait, Madame, il ne faut l’espérer.

En dépit des jaloux, partout je vous veux suivre ;
S’ils machinent ma mort, je suis si las de vivre,


Qu’autre bien désormais n’est de moi souhaité.

Je bénirai la main qui sera ma meurtrière,
Et l’heure de ma fin sera l’heure première
Que de quelque repos çà-bas j’aurai goûté.

 

Cléonice

Philippe Desportes

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