Qu'elle est beuglante la mer
Sans cesse en travail sur du sable nouveau
Fantômes qui veillez
Sur l'inquiétude des digues
Faites-la taire
Si vous saviez vous qui passez ici
Comme des ombres
Les noires pensées nées des plissements sombres
Des vagues qui meurent et renaissent sans fin
Elles nous pénètrent à notre insu
Se faufilent dans les méandres de l'esprit
Et nous encombrent
D'amertume et d'acrimonie
Que l'on fasse silence
Tout autour de nous
L'axe du monde
Penche dangereusement
Que personne ne bouge
Dieu fasse que dans le gris du ciel
Les mouettes rieuses s'arrêtent en plein vol
La moindre prière nous écartèlerait
Je parle donc à mi-voix
Mais je devine le bruit terrible d'un train
Qui s'approche
Et qui va déverser Sur le quai
Des centaines de bipèdes pressés
Qui vocifèrent comme des forcenés
Ou comme ces vaches qu'on mène
En fin de semaine
Aux abattoirs
© Jacques Herman – 2006