Que nous sommes encore heureux et fiers de vivre
Quand le moindre rayon entr’aperçu là-haut
Illumine un instant les pauvres fleurs de givre
Que le gel dur et fin grava sur nos carreaux.
Quand le moindre rayon entr’aperçu là-haut
Illumine un instant les pauvres fleurs de givre
Que le gel dur et fin grava sur nos carreaux.
L’élan bondit en nous et l’espoir nous emporte,
Et notre vieux jardin nous apparaît encor
Malgré ses longs chemins jonchés de branches mortes
Vivant et pur et clair et plein de lueurs d’or.
Je ne sais quoi de lumineux et d’intrépide
Se glisse en notre sang et nous réincarnons
L’immense et plein été dans les baisers rapides
Qu’avec ardeur, à corps perdu, nous nous donnons.
Les heures du soir
Emile Verhaeren