Quand quelquefois je pense à ma première vie
Du temps que je vivais seul roi de mon désir,
Et que mon âme libre errait à son plaisir,
Franche d’espoir, de crainte, et d’amoureuse envie :
Du temps que je vivais seul roi de mon désir,
Et que mon âme libre errait à son plaisir,
Franche d’espoir, de crainte, et d’amoureuse envie :
Je verse de mes yeux une angoisseuse pluie,
Et sens qu’un fier regret mon esprit vient saisir,
Maudissant le destin qui m’a fait vous choisir,
Pour rendre à tant d’ennuis ma pauvre âme asservie.
Si je lis, si j’écris, si je parle, ou me tais,
Votre oeil me fait la guerre, et ne sens point de paix,
Combattu sans cesser de sa rigueur extrême ;
Bref, je vous aime tant que je ne m’aime pas,
De moi-même adversaire, ou si je m’aime, hélas !
Je m’aime seulement parce que je vous aime.
Les amours d’Hippolyte
Philippe Desportes