Quand je suis de vous absente
Sincero, mon beau soleil,
Je n’ai rien qui me contente,
La nuit je perds le sommeil ;
Le jour je fuis la lumière
Et mas tristes yeux enclos
Prisonniers de la paupière,
Ne sont jamais en repos.
Je n’aime de la prairie
Le bel email précieux
Ni la campagne fleurie
Né sçauroit plaire à mes yeux ;
Je suis tant mélancolique
Que les plus gracieux sons
Et la plus douce musique
M’ennuyent de leurs chansons.
Je ne veux ouir personne
Pour discourir ou parler ;
Je n’entends rien qui résonne,
Que ma plainte dedans l’air
Mes compagnes qui s’ennuyent
De mon amoureux émoi,
Toutes dépites s’enfuient
Et se retirent de moi.
Jamais on ne me voit rire,
Jamais on ne m’oit chanter ;
Incessamment je soupire
Et ne fais que lamenter ;
Je n’ai bien, plaisir ni joye ;
Sincero mon cher souci,
Jusqu’à ce que je vous voye,
Je serai toujours ainsi.