Pleurer un peu, si je pouvais pleurer un peu,
Pleurer comme l’ orphelin, et comme la veuve,
Et comme le pécheur naïf implorant Dieu.
Simple qu’ il soit mon coeur, simplement qu’ il s’ émeuve !
Sur ma guirlande fanée et ma robe neuve
Tissée au ciel avec du blanc, avec du bleu,
Sur ma guirlande fanée emportée au fleuve,
Pleurer un peu, pouvoir pleurer serait mon voeu.
Pleurer comme l’ orphelin, et comme la veuve,
Et comme le pécheur naïf implorant Dieu.
Simple qu’ il soit mon coeur, simplement qu’ il s’ émeuve !
Sur ma guirlande fanée et ma robe neuve
Tissée au ciel avec du blanc, avec du bleu,
Sur ma guirlande fanée emportée au fleuve,
Pleurer un peu, pouvoir pleurer serait mon voeu.
Mais, ce pendant que votre main cruelle et sûre,
Sûre et cruelle fait vibrer dans ma blessure
L’ inexorable trait, ma dame, ma douleur,
Il faut que je vous loue et que je vous célèbre,
Et que je tresse la gemme rare et la fleur
Dans vos cheveux qui sont couleur de la ténèbre.
Les cantilènes Livre I
Jean Moréas