Phèdre par Jean Racine
Phèdre
, seule.
Il sort. Quelle nouvelle a frappé mon oreille !
Quel feu mal étouffé dans mon cœur se réveille !
Quel coup de foudre, ô ciel ! et quel funeste avis !
Je volais tout entière au secours de son fils;
Et m’arrachant des bras d’Œnone épouvantée,
Je cédais au remords dont j’étais tourmentée.
Qui sait même où m’allait porter ce repentir ?
Peut-être à m’accuser j’aurais pu consentir;
Peut-être, si la voix ne m’eût été coupée,
L’affreuse vérité me serait échappée.
Hippolyte est sensible, et ne sent rien pour moi !
Aricie a son cœur ! Aricie a sa foi !
Ah ! dieux ! Lorsqu’à mes vœux l’ingrat inexorable
S’armait d’un œil si fier, d’un front si redoutable,
Je pensais qu’à l’amour son cœur toujours fermé
Fût contre tout mon sexe également armé:
Une autre cependant a fléchi son audace;
Devant ses yeux cruels une autre a trouvé grâce.
Peut-être a-t-il un cœur facile à s’attendrir:
Je suis le seul objet qu’il ne saurait souffrir.
Et je me chargerais du soin de le défendre !
Phèdre ACTE quatrième Scène 5
La pièce de Théâtre Phèdre par Jean Racine.