Hélas ! la chimère s’envole
Et l’espoir ne m’est plus permis ;
Mais je défends qu’on me console.
Et l’espoir ne m’est plus permis ;
Mais je défends qu’on me console.
Ne me plaignez pas, mes amis.
J’aime ma peine intérieure
Et l’accepte d’un coeur soumis.
Ma part est encor la meilleure,
Puisque mon amour m’est resté ;
Ne me plaignez pas si j’en pleure.
A votre lampe, aux soirs d’été,
Les papillons couleur de soufre
Meurent pour avoir palpité ;
Ainsi mon amour, comme un gouffre,
M’entraîne, et je vais m’engloutir ;
Ne me plaignez pas si j’en souffre.
Car je ne puis me repentir,
Et dans la torture subie
J’ai la volupté du martyr ;
Et s’il faut y laisser ma vie,
Cc sera sans lâches clameurs.
J’aime ! j’aime ! et veux qu’on m’envie !
Ne me plaignez pas si j’en meurs.
L’exilée
François Coppée