Mon petit Bouquet mon mignon,
Qui m’es plus fidel’ compaignon
Qu’Oreste ne fut à Pilade,
Tout le jour quand je suis malade
Mes valets qui pour leur devoir
Le soing de moy debvroient avoir,
Vont à leur plesir par la vile,
Et ma vieille garde inutile,
Aptes avoir largement beu,
Yvre, s’endort aupres du feu,
Qui m’es plus fidel’ compaignon
Qu’Oreste ne fut à Pilade,
Tout le jour quand je suis malade
Mes valets qui pour leur devoir
Le soing de moy debvroient avoir,
Vont à leur plesir par la vile,
Et ma vieille garde inutile,
Aptes avoir largement beu,
Yvre, s’endort aupres du feu,
A l’heure qu’ el’ me devroit dire
Des contes pour me faire rire.
Mais toi petit bouquet, mais toy
Ayant pitié de mon esmoy
Jamais le jour tu ne me laisses
Seul compaignon de mes tristesses.
Que ne pui-je autant que les dieux ?
Je t’envoyroi là haut aux cieux
Fait d’un bouquet un astre insigne,
Et te mettrois aupres du Signe
Que Bacus dans le ciel posa
Quand Ariadne il espousa,
Qui se lamentoit, delessée
Au bord desert par son Thesée.
Les meslanges
Pierre de Ronsard