Un tableau attribué au Caravage a été présenté jeudi dernier à Londres. En effet, Judith et Holopherne a été découvert dans un grenier en France et restauré pendant deux ans par un expert qui affirme que c’est bien l’œuvre du grand maître italien.
La toile présente une explosion d’une extrême violence avec un général assyrien levant des yeux de craintes, choqué et implorant la pitié de Judith, une belle jeune femme juive qui était en train de lui trancher la gorge avec une épée sous les yeux de sa servante.
Ce tableau a été exposé pour la première fois à la galerie Colnaghi à Londres, avant d’être mis aux enchères au mois de juin. L’expert français Eric Turquin a été formel, ceci est une œuvre authentique et majeure du peintre Caravage.
Il a fait une déclaration à ce propos « Il y a des changements entre ce que nous voyons et ce que la radio nous indique, ce qui prouve que cette image est dans un processus de création, avec des changements, avec des variations. C’est la preuve que c’est un original. Un imitateur copie ce qu’il voit. Ici, il y a une création, il y a des variations », a-t-il justifié.
Compte tenu des débats sur l’authenticité de ce tableau ainsi que des avis pessimistes et du fait que Caravage est un incompris de tous, il a attendu deux bonnes années avant d’annoncer son verdict final pour ne pas risquer sa réputation. Toujours selon lui, « C’est un moment très important dans l’œuvre du Caravage parce que c’est là qu’il quitte Rome et qu’il développe vraiment un nouveau style de peinture, plus sombre, plus noir, plus tragique, plus dramatique, le style qui nous plaît. »
Les preuves aussi semblent flagrantes, l’huile utilisée en 1607de 144 sur 173 cm fut découvert durant l’année 2014 dans un grenier humide à Toulouse, dans la région du Sud-Ouest de la France. Cette découverte avait été déclarée une des plus importantes de l’histoire de l’art par le ministère français de la Culture.
En effet, cette toile avait été répertoriée parmi des documents contenant toute une série d’échanges épistolaires qui concernait des princes et des collectionneurs d’art voulant se l’approprier il y a plus de quatre siècles. Cependant, reconnaître et affirmer que c’est un Caravage se révèle être difficile car ce spécialiste du clair-obscur, mort à peine âgé de 38 ans en 1610, ne signait jamais de son nom. Ce qui attire particulièrement les copieurs sans scrupules.
Ainsi, une autre toile « Judith et Holopherne », du Caravage de 1598, existe bel et bien déjà et qui semble à l’opposer de la peinture que l’on a découvert à Toulouse.
Cependant, un autre expert célèbre des œuvres du maître italien, Nicola Spinosa, qui a réalisé plusieurs rétrospectifs dessus, affirme en 2016 à l’AFP qu’il y reconnait un « Caravage authentique ». Il a rajouté : «Il est d’une qualité exceptionnelle et correspond à la plus grande période du peintre, autour de 1605, moment où il parvient le mieux à traduire en peinture le drame des hommes ». Affirmation rapidement démentie par d’autres connaisseurs comme étant en fait de Louis Finson, un peintre contemporain flamand (1580-1617) qui est habitué à copier Caravage.
En tout cas, cette toile ne fera pas partie des collections françaises. Elle a été classé trésor national, ce qui a bloqué toute tentative de vente à l’extérieur jusqu’en novembre dernier. Une fois le délai de trente mois écoulé, l’Etat français a accordé un certificat d’exportation aux nouveaux acquéreurs. Leur désintéressement est justifié par le manque de certificat d’authenticité et la valeur de la toile, alors que les musées nationaux ont un budget assez restreint.
Durant l’exposition, le prix de la toile a donc été réévalué à 160 millions d’euros à 120 millions d’euros. Les enchères se dérouleront le 27 juin à Toulouse et seront menés par la maison de ventes Marc Labarbe avec l’aide du cabinet d’expertise de M. Turquin, juste après sa présentation à Londres, puis à New York et enfin à Paris.