Mon haleine est devenue
Si courte et si corrompue,
Et la fin me presse tant,
Que je ne vois plus que l’ombre
Et la fosse noire et sombre
D’un sépulcre qui m’attend.
Les voisins qui m’accompaignent,
Ce sont ceux qui me dédaignent,
Et tous se moquent de moi :
Mon œil tout honteux s’abaisse,
Et demeure en la détresse,
Seigneur, que d’eux je reçoi.
Si courte et si corrompue,
Et la fin me presse tant,
Que je ne vois plus que l’ombre
Et la fosse noire et sombre
D’un sépulcre qui m’attend.
Les voisins qui m’accompaignent,
Ce sont ceux qui me dédaignent,
Et tous se moquent de moi :
Mon œil tout honteux s’abaisse,
Et demeure en la détresse,
Seigneur, que d’eux je reçoi.
Sauve-moi donc, je t’en prie,
Et défends ma pauvre vie :
Loge-moi dedans ton fort,
Puis vienne qui me combatte
Main à main et qui m’abatte,
Toujours serai le plus fort.
Mes emprises sont passées,
Mes jours, mes vœux, mes pensées,
Et tous mes desseins rompus ;
Le jour m’est nuit, et m’est claire
La nuit au lieu de lumière ;
Tous mes sens sont corrompus.
J’ai fait mon lit en ténèbres,
Et sous les tombes funèbres,
Je m’en vais tenir prison.
La pourriture est mon père,
Les vers ma sœur et ma mère,
Et le tombeau ma maison.
Où est donc mon espérance,
Et qui a la connaissance,
Seigneur, de ce que j’attends,
Sinon toi, qui seul embrasses,
Qui tranches, et qui compasses
Le ciel, les jours et les temps ?
La Muse chrétienne
Rémy Belleau