Tournez,
Tournez, les aiguilles du Temps,
Tournez à la manière des carrousels
Que l’Hiver fait déserter des enfants
Et que peuple un couple d’amants
De la jeunesse de ses fragiles ritournelles.
Tournez,
Tournez, les aiguilles du Temps,
Tournez à la manière des carrousels
Que l’Hiver fait déserter des enfants
Et que peuple un couple d’amants
De la jeunesse de ses fragiles ritournelles.
File,
File, le Temps à toute allure,
File profiler les visages par endroits,
File la laine de nos aventures,
Fil pour tricoter en point-de-croix
Le souffle court de nos chemins de croix.
Balancez,
Balancez, horloges, votre apparat
Comme le pendu qu’au vent on oublia :
De gauche à droite puis de droite à gauche ;
Balancez lentement ce squelettique bras
Du geste assuré de la Camarde qui fauche.
Tournez,
Tournez les marquises du Temps,
Tournez en un tourbillon de folie,
Tournez sans fin et sans ménagement,
Tournez jusqu’à l’ivre enchantement
Que délivre un tango, une valse de Diabelli.
Dansez,
A la barre de ces chinoiseries antiques,
Cadrans solaires jonchés de nombres,
Dansez votre chorégraphie astrologique
A l’ombre du dieu Soleil et sa rythmique,
Dansez votre fatale pole dance, ombres.
Coulez,
Coulez, les sables du Temps
Dans vos clepsydres du désert,
Distillez grain par grain les instants
Dans les sables mouvants, émouvants,
Où s’enfoncent nos anniversaires.
Tournez,
Tournez, les aiguilles du Temps,
Tournez, écrouées dans vos toquantes,
Tournez, à tout va, à tout vent,
Tournez au rythme des feuilles tombantes
Qui habillent l’Automne que je hante.
Tournez,
Tournez dans mes tourments, songes éternels,
Tournez sous le vent telles des hirondelles,
Tournez dans un vacarme de crécelles ;
Tournez, tournez et tournez encore !
Tournez, vautours, autour de ma mort.
un poème de De An Braz