Mon cœur est un cimetière
Suspendu entre ciel et terre.
Des mots mort-nés le pourrissent.
Les gens bien me maudissent.
Je suis la charogne de Baudelaire.
Mon cœur est un ilot de non-temps
Où les vieilles passions enterrées
Se laissent parfois aller à vivre
Alors je tangue comme le bateau ivre .
Mon cimetière secret est une éternité
Faite de passions crucifiées, d’amours momifiées.
J’aimais, je n’aime plus ;
Voici une tombe de plus.
Je rêvais, le rêve s’est effrité ;
C’est une pluie glaciale attisant mes plaies.
Je voulais avec force, me voici léthargique.
Le corps astral de ma force antique
Erre à travers les sentiers fantomatiques
De mon pauvre cœur irrigué par le sang de ses défuntes passions.
Les gens autour de moi ont de vrais sourires
Dans les yeux et de profonds soupirs.
Chacun s’accroche passionnément
A un être, à un air, à une vocation.
Chacun a sa citadelle, ses rendez-vous fidèles.
Moi, je suis un poème errant
Hantant les pages de la mémoire.
Qu’on ne me parle plus d’antan
Que je puisse réécrire mon histoire !