Je joue avec eux,
Comme , quand j’étais petite
Et que je jouais avec ma poupée,
Nos jouets on les rangeait dans un coffre,
Nos mots on les rangeait dans un coin de notre tête,
Celui qui ne rangeait pas , avait une sacré merde là-haut
Il parait que les plus riches ,on leur achetait des tiroirs,
les mots on ne peut pas les casser,
Et moi petite, je voulais casser les mots,
je voulais écraser les mots,
Mais je faisais quand même tout pour qu’ils viennent se fracasser sur mes dents,
Je cherchais toujours à lancer des mots pour qu’ils se brisent,
Mais maman les attrapait toujours au vol ,elle applaudissait ,
Et elle les mettait sur un espèce de livre,
Elle appelait cela « le journal de mon enfance »
Je ne vomissais jamais mes mots,
mais j’avais toujours peur qu’un mot parte avec le repas que je venais de prendre,
Mais je savais faire le tri,
Et je retenais fièrement tous les mots que maman m’avait offerts,
On nous les offre dès la naissance,
Nous avons le mot : papa, maman,dodo, caca, pipi, popo,
Ils nous sont offerts par les parents d’abord,
Et on nous les donne en double pour la nourrice,
Maman aimait bien qu’on ait les mêmes mots avec la nourrice,
Elle trouvait déjà que cela coûtait cher de tout avoir en double,
Maman nous disait aussi : qu’il lui fallait du temps pour chercher les mots,
Mais nous le temps on ne savait pas bien ce que çà voulait dire,
La seule chose que l’on comprenait
C’est que , dans la vie tout s’achetait,
Maman nous disait toujours : vous aussi , il vous faudra du temps,
Et moi je commençais déjà à faire quelques économies,
il me fallait d’autres mots et surtout du temps à moi,
Mais je savais aussi que mes parents avaient des réserves de mots,
Ils avaient pris leurs précautions, on ne manquait pas de mots à la maison,
Ils prenaient le temps, quand ils allaient acheter , pour développer leur goût pour les mots,
Ils savaient que nous ne voulions pas toujours les mêmes mots ,
Tous les jours maman nous achetait de nouveaux mots,
Parfois on se mettait mon frère et moi à les manger toute la journée
Jusqu’à nous en étouffer,
Et puis maman , nous sortait les mots de la bouche,
Et c’est là que s’installait le silence,
On aimait pas bien quand elle nous aidait,
Après tout c’était nos mots, on en faisait ce qu’on voulait,
Quand papa rentrait le soir,
Maman lui disait , il n’ont pas joué avec les mots,
Vous voyez , maman , avait prononcé le mot jouer,
Donc l’ histoire que je vous raconte est bien vraie , on jouait bien avec les mots,
Et même que papa a dit à maman :
On échangera quelques mots demain au magasin,
Donc si on fait l’échange c’est que les mots se vendent,
Tout çà pour vous dire que cette histoire elle est toujours vraie,
Mais moi je voulais pas qu’on échange des mots,
Je voulais garder tous les mots,
C’était peut être les mots en double , ceux de la nourrice, qu’ils voulaient échanger,
Après tout je devenais grande , je n’avais plus besoin de nourrice,c’est vrai,
maman et papa allaient faire de sérieuses économies,
Plus de mots en double,
Et j’avais entendu dire par mes copines ,
qu’il fallait acheter des mots pendant toute notre vie,
Mais çà coûte tellement cher les mots,
rare est la personne qui joue avec tous les mots,
Il parait qu’il va m’en manquer quelques uns,
Mais çà peut se prêter , pour çà il fallait que j’élargisse mes connaissances,
la petite voisine d’à coté, a plus de mots que moi,
Son papa et sa maman lui auraient acheté plus de mots ,
J’ai entendu dire qu’ils cultivent les mots,
C’est sur , ils ont un jardin au fond de leur cour,
C’est pour cela que dans leur études, ils étaient en avance , je l’ai appris bien plus tard,
Ils ne cherchent pas les mots eux,
Nous, on les retrouve , mais pas tous,
Parfois on vous donne une bourse de l’emploi,
On vous paye pour bien employer les mots,
Pour ne pas dire n’importe quoi,
On la donne sûrement aux parents
Qui disent des mots qui ne veulent rien dire,
Quand au papa de ma voisine , je l’entends toujours dire,
Surtout quand il se relève , j’ai des maux dans le dos,
Vous me direz que c’est pas une place pour mettre des mots,
Mais voilà , je constatais encore une fois qu’ils avaient des mots en plus ,que nous,
Je n’entendais jamais papa dire, qu’il avait des maux en plus que le voisin,
moi j’en étais malade, il s’était économisé et il ne pouvait pas avoir plus de maux,
Je ne comprenais pas toujours les adultes, mais je savais que plus vous aviez de mots plus vous pouviez jouer avec,
Et avec plus de mots on pouvait se casser la voix , surtout si vous en aviez plein la bouche,
Enfin c’était le seul jouet qu’on nous autorisait à mettre dans notre bouche, nous avions la bénédiction des parents,
On n’allait quand même pas se gêner , et on se bourrait de mots,
on les laissait même se promener dans notre bouche, j’allais même dans ma bouche avec mes doigts pour aller en toucher un mot,
Quand je serai grande , je les mettrai dans ma bouche, et je vomirai sur les autres,
On n’avait pas besoin de les laver,
Maman me disait: que c’était mes propres mots,
C’est vrai que j’aime bien mes mots,
Merci maman, merci papa , de m’avoir acheté des mots,
Aujourd’hui je les mets bout- a -bout couchés sur du papier,
Avec l’assemblage des mots, j’ai appris à construire ,
Ce qui me permet de vous raconter une période historique de mon enfance.