Cette lettre affreuse
Tout juste reçue
Dans mon maigre courrier
Ne me touche pas
Non mais pour qui
Me prenez-vous
Me voilà fin prêt
Sans la moindre colère
Dans une indifférence
Que l'on dirait royale
A donner un coup de pied
Immense
Non retenu
Dans une fourmilière
Je nomme fourmilière
Désormais ce qui m'énerve
L'armoire vénitienne
Le lustre de Murano
Ce flemmard de chat
Qui dort sur le capot
D'une voiture abandonnée
Ou l'arrière-train du vieux Robert cuvant son vin
Et qui se dit la plus belle épave
De l'histoire du quartier
Depuis qu'on l'a construit
Juste après la guerre
World War Two
Et s'il m'arrive de manquer
L'une autre autre fourmilière
C'est parce ce qu'à mon âge
Je ne vois plus tout
© Jacques Herman – 2007