Mon enfance est bien loin et dort dessous les pierres
Et mon passé n’est plus qu’un point sur l’horizon ;
Toi l’oiseau, qui fend l’air, dit à mon ami Pierre
Qu’à l’aurore, demain, ils le pendouilleront,
Qu’emportées par le vent, les feuilles de l’automne
Tourbillonnent, sans fin, dans la pâle clarté,
Tombant, nonchalamment, en rondes monotones,
Et s’assoupit inexorablement l’été.
Nous n’irons plus au bois ou la claire fontaine,
Nous ne couperons plus ni lauriers, ni lilas,
Les belles sont parties vers des îles lointaines,
Brindilles et rameaux se fendent sous nos pas.
Au clair de la lune, Pierrot ne viendra plus
M’emprunter une plume quand le feu s’éteint.
J’ai fermé les volets, jeté ma clé aux nues.
Ô chansons oubliées, mon enfance est si loin !