Que fait Vulcan ? car pour se voir vengé,
Encor faut-il qu’il fasse quelque chose.
Un rets d’acier par ses mains est forgé:
Ce fut Momus qui je pense en fut cause.
Avec ce rets le galant lui propose
D’envelopper nos amants bien et beau.
L’enclume sonne; et maint coup de marteau,
Dont maint chaînon l’un à l’autre s’assemble,
Prépare aux dieux un spectacle nouveau
De deux Amants qui reposent ensemble.
Les noires soeurs apprêtèrent le lit:
Et nos amants trouvant l’heure opportune,
Sous le réseau pris en flagrant délit,
De s’échapper n’eurent puissance aucune.
Vulcan fait lors éclater sa rancune:
Tout en clopant le vieillard éclopé
Semond les dieux, jusqu’au plus occupé,
Grands et petits, et toute la séquelle.
Demandez-moi qui fut bien attrapé;
Ce fut, je crois, le galant et la belle.
malheur ce qui y manque est l’endroit le plus important; je veux dire
les réflexions que firent les dieux, même les déesses, sur une si
plaisante aventure. Quand j’aurai repris l’idée et le caractère de
cette pièce je l’achèverai. Cependant comme le dessein de ce recueil a
été fait à plusieurs reprises, je me suis souvenu d’une ballade qui
pourra encore trouver sa place parmi ces contes puisqu’elle en contient
un en quelque façon. Je l’abandonne donc ainsi que le reste au jugement
du public. Si l’on trouve qu’elle soit hors de son lieu, et qu’il y ait
du manquement en cela; je prie le lecteur de l’excuser avec que les
autres fautes que j’aurai faites.
Jean de la Fontaine
Fables de Jean de la Fontaine