A vingt ans, poète aux abois,
Quand revenait la saison rose,
J’allais promener sous les bois
Mon coeur morose.
Quand revenait la saison rose,
J’allais promener sous les bois
Mon coeur morose.
A la brise jetant, hélas !
Le doux nom de quelque infidèle,
Je respirais les frais lilas
En rêvant d’elle.
Toujours friand d’illusions,
Mon coeur, que tout amour transporte,
Plus tard à d’autres visions
Ouvrit sa porte.
La gloire sylphe décevant
Si prompt à fuir à tire-d’aile,
A son tour m’a surpris souvent
A rêver d’elle.
Mais maintenant que j’ai vieilli,
Je ne crois plus à ces mensonges ;
Mon pauvre coeur plus recueilli
A d’autres songes.
Une autre vie est là pour nous,
Ouverte à toute âme fidèle:
Bien tard, hélas ! à deux genoux,
Je rêve d’elle !
Oiseaux de neige
Louis Honoré Fréchette