Le poète est mort
On jette sa dépouille
Dans les eaux glauques du port
Il portait sur le monde
Un regard ahuri
On le disait abruti
Fêlé
Un peu sauvage
Ou trop effacé
Comme issu d'une autre âge
Il a laissé deux mots
Sur un bout de papier
Retrouvé par hasard
A côté de son lit
Il y dit qu'il ne sait pas nager
Qu'il est tombé
Amoureux de la poissonnière
Qu'elle a des yeux ronds
Comme ceux des harengs
Il dit aussi qu'il ne veut pas
Laisser la moindre trace
De sa vie
Sinon ces mots répétés
Comme une litanie
Le temps passe
Le temps passe
Le temps passe
© Jacques Herman – 2007