Une feuille s’envole sur le gazon
S’élançant par de si longs à-coups
Et s’en vient me caresser au cou,
C’est la morte-saison ;
Et au beau milieu des va-et-vient
Que font ses soeurs dans leur cimetière
Mon être se langui de chagrin
A voir filer un nouvel hiver.
Une feuille s’envole sur le gazon
S’élançant par de si longs à-coups
Et s’en vient me caresser au cou,
C’est la morte-saison ;
Et au beau milieu des va-et-vient
Que font ses soeurs dans leur cimetière
Mon être se langui de chagrin
A voir filer un nouvel hiver.
Et voilà que passe le temps,
Ne jamais pouvoir le retenir,
Toujours, la peur au ventre, se dire
Qu’un jour on ne sentira plus ce vent.
Le temps s’enfuit à vive allure,
Riant et jouant à qui ne l’aura pas
Mais comme dans un circuit de voitures
C’est lui qui un jour nous rattrapera.
Ce temps, tel une mèche à retardement,
Décompte notre bien le plus précieux,
A notre insu cet auréolé firmament
Attends pour nous envoyer en ces cieux,
En un monde que je ne connais pas,
En un monde qui n’est pas chez moi,
Où je n’ai jamais demandé à aller,
Qu’à sans procès on m’a condamné.
C’est en cette place de condamné,
Comme celui qui dans sa geôle attend
Le bourreau qui viendra pour le guillotiner,
Regardant tout avec émerveillement,
Que mon regard se perd au lointain,
Qu’en tout instant se vide et puis se plonge
Dans les profondeurs de chaque essaim
De vie, aspiré comme par une éponge.
En équilibre sur le long fil du temps,
Je me fais tout petit équilibriste :
Ne pas glisser est dit-on le plus important,
Mais la vue tant admirable me dépiste ;
Après tout, funambule condamné,
Autant jouer le rôle à son honneur,
Se balancer pour bercer son cœur,
Et je traîne en chemin sur mon fil bien perché.
Une feuille se pose sur le gazon,
Un pied la foule sans moindre attention,
Pour mon regard elle a vécu son temps,
Elle laisse maintenant la place pour ses enfants.
La claire source de l’éternelle Jouvence,
Nos anciens l’ont dissimulé un sombre temps
Pour nous offrir toute la jouissance
De pouvoir profiter de chaque instant.
An Braz