Le Falot

Dans  Gaspard de la nuit
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Le Falot

Le Masque. – Il fait noir; prête-moi ta lanterne.
Mercurio. – Bah! les chats ont pour lanterne leurs deux yeux.
Une nuit de carnaval.

Ah! pourquoi me suis-je, ce soir, avisé qu’il y avait place à me blottir contre l’orage, moi petit follet de gouttière, dans le falot de Madame de Gourgouran!

Je riais d’entendre un esprit que trempait l’averse bourdonner autour de la maison lumineuse, sans pouvoir trouver la porte par laquelle j’étais entré.

Vainement me suppliait-il, enroué et morfondu, de lui permettre au moins de rallumer son rat de cave à ma bougie pour chercher sa route.

Soudain le jaune papier de la lanterne s’enflamma, crevé d’un coup de vent dont gémirent dans la rue des enseignes pendantes comme des bannières.

— « Jésus! miséricorde! s’écria la béguine, se signant des cinq doigts. — Le diable te tenaille, sorcière, m’écriai-je, crachant plus de feu qu’un serpenteau d’artifice. »

Hélas! moi qui, ce matin encore, rivalisais de grâces et de parure avec le chardonneret à oreillettes de drap écarlate du damoisel de Luynes!

 

Gaspard de la nuit

Aloysius Bertrand

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