Le Bourgeois gentilhomme par Molière
Monsieur Jourdain, Dorante, Dorimène.
Dorante
Monsieur, nous venons rendre hommage, Madame et moi, à votre nouvelle dignité, et nous réjouir avec vous du mariage que vous faites de votre fille avec le fils du Grand Turc.
Monsieur Jourdain, après avoir fait les révérences à la turque.
Monsieur, je vous souhaite la force des serpents et la prudence des lions.
Dorimène
J’ai été bien aise d’être des premières, Monsieur, à venir vous féliciter du haut degré de gloire où vous êtes monté.
Monsieur Jourdain
Madame, je vous souhaite toute l’année votre rosier fleuri; je vous suis infiniment obligé de prendre part aux honneurs qui m’arrivent, et j’ai beaucoup de joie de vous voir revenue ici pour vous faire les très humbles excuses de l’extravagance de ma femme.
Dorimène
Cela n’est rien, j’excuse en elle un pareil mouvement; votre cœur lui doit être précieux, et il n’est pas étrange que la possession d’un homme comme vous puisse inspirer quelques alarmes.
Monsieur Jourdain
La possession de mon cœur est une chose qui vous est toute acquise.
Dorante
Vous voyez, Madame, que Monsieur Jourdain n’est pas de ces gens que les prospérités aveuglent, et qu’il sait, dans sa gloire, connaître encore ses amis.
Dorimène
C’est la marque d’une âme tout à fait généreuse.
Dorante
Où est donc Son Altesse Turque ? Nous voudrions bien, comme vos amis, lui rendre nos devoirs.
Monsieur Jourdain
Le voilà qui vient, et j’ai envoyé quérir ma fille pour lui donner la main.
Le Bourgeois gentilhomme ACTE V Scène III
La pièce de Théâtre Le Bourgeois gentilhomme par Molière