Le Bourgeois gentilhomme par Molière
Cléonte, Covielle.
Covielle
Vous avez fait de belles affaires avec vos beaux sentiments.
Cléonte
Que veux-tu ? j’ai un scrupule là-dessus, que l’exemple ne saurait vaincre.
Covielle
Vous moquez-vous, de le prendre sérieusement avec un homme comme cela ? Ne voyez-vous pas qu’il est fou ? et vous coûtait-il quelque chose de vous accommoder à ses chimères ?
Cléonte
Tu as raison; mais je ne croyais pas qu’il fallût faire ses preuves de noblesse pour être gendre de Monsieur Jourdain.
Covielle
Ah ! ah ! ah !
Cléonte
De quoi ris-tu ?
Covielle
D’une pensée qui me vient pour jouer notre homme, et vous faire obtenir ce que vous souhaitez.
Cléonte
Comment ?
Covielle
L’idée est tout à fait plaisante.
Cléonte
Quoi donc ?
Covielle
Il s’est fait depuis peu une certaine mascarade qui vient le mieux du monde ici, et que je prétends faire entrer dans une bourle que je veux faire à notre ridicule. Tout cela sent un peu sa comédie; mais avec lui on peut hasarder toute chose, il n’y faut point chercher tant de façons; il est homme à y jouer son rôle à merveille, et à donner aisément dans toutes les fariboles qu’on s’avisera de lui dire. J’ai les acteurs, j’ai les habits tout prêts: laissez-moi faire seulement.
Cléonte
Mais apprends-moi…
Covielle
Je vais vous instruire de tout. Retirons-nous, le voilà qui revient.
Le Bourgeois gentilhomme ACTE III Scène XIII
La pièce de Théâtre Le Bourgeois gentilhomme par Molière