Ne réveille pas le vent qui dort
Ni le fleuve qui
comme un chat
S'étire avant de tomber
Dans les bras de la mer
Ne réveille pas les heures
Douloureuses du passé
Ni les cadavres gisant
A l'ombre des cyprès
Ne réveille pas les fleurs fanées
Ni les amours éteintes à jamais
Ni l'enfant dans son berceau
Ni le soldat inconnu
Ni la tortue en hibernation
Laisse le monde à son repos
Ne te mêle de rien
N'active jamais le feu
Qui couve sous la cendre
Couche-toi dans l'herbe tendre
Ouvre grand les yeux
Sur la voûte du ciel
Et sans broncher tends l'oreille
Aux rumeurs de saison