Un aigle s’est posé sur sa plus haute crête,
Son royaume, ici-bas, est hostile et austère,
Le silence s’égare en son aire muette
Tel l’aveugle à l’abri de ses closes paupières.
Dominant la vallée où les chemins s’emmêlent,
De lunes esseulées en étés flamboyants,
Auréolée de nues, de neiges éternelles,
Elle est loin des embruns qu’ébouriffe le vent.
Comme un sphinx délaissé et sculpté par les dieux,
Sa muette beauté courtise les nuages,
Dans le silence froid, ses cimes font, aux cieux,
Un étrange ballet : on dirait un mirage.
Les rochers l’enveloppent de sérénité ;
Dans sa Tour de Babel touchant le firmament,
Elle est loin des demains, la tête dans le vent ;
L’instant meurt et revit dans son éternité.