Comme une fleur flétrie
Une orange pourrie
Qui monte et descend
Sans fin l’escalier
Mais feint parfois
De s’arrêter
A tel ou tel étage
On s’accroche à la rampe
De bois clair
Guetteur de toutes
Les résonances
Imaginaires ou pleines
D’étrange vérité
Ici le temps semble contraint
A virevolter jusqu’à
Ce que tremble la main
Toujours mal assurée
On se dit à soi-même
Qu’as-tu vu dans l’ombre
Du palier du troisième
Qu’est devenu
Le paillasson du premier
Lassitude et vérité
Sur les marches nous guettent
Dressées dans l’ombre
Comme des vigiles
Qu’on aimerait leurrer
Mais qui se complaisent
Au jeu de l’amitié
Que l’on sait fallacieuse
Et n’ont de cesse de scruter
Nos heures douloureuses
La cage d’escalier
Regorge de visages
Et d’images grimaçantes
Parfois monstrueuses
Qui montent la garde
Frapper aux portes
Est peine perdue
Démarche hasardeuse
Toujours incongrue
Alors on descend
Puis on remonte
A défaut de tourner en rond
Le sol en contrebas
Se revêt des couleurs
Fadasses du plafond
On ajuste la veste
Et puis le pantalon
On redoute comme une peste
Le craquement des souliers
On rêve d’écrire sur la page du ciel
Entraperçu
A l’heure du lever
On écoute le vent
Qui parcourt le monde
Extérieur
Et ressemble à une onde
Indiscrète et blasée
On redescend enfin
Jusqu’à la porte d’entrée
Qui reste à jamais close
Et qu’on cherche à ouvrir
Sur la réalité
Fragile
Insaisissable
Mais on en a perdu la clé
Jacques Herman
2010