Poète français de renom, apparu dans la seconde moitié du 19e siècle, Jules Laforgue est considéré dans le milieu de la poésie comme celui qui a créé le vers libre. Il voit le jour le 16 août 1860 dans la ville de Montevideo, la capitale de l’Uruguay. Après plusieurs années de vie à Berlin puis à Paris, il y décède le 20 août 1887, dans sa demeure du 7e arrondissement.
Vie de famille et jeunesse
Le père de Jules Laforgue fait partie de ces individus qui ont décidé de migrer vers l’Uruguay afin de trouver une meilleure ressource financière. L’homme y bâtit un établissement scolaire où il est professeur de français, de latin et de grec. Il rencontre la fille d’un commerçant français et l’épouse. Il obtient ensuite, un poste en tant que caissier au sein de la banque Duplessis et grâce à un parcours professionnel probant, il parvient à devenir associé au sein de ce même établissement.
Les deux époux ont 11 enfants dont Jules Laforgue qui est le second de la fratrie. Après avoir passé une grande partie de son enfance en Uruguay, il accompagne sa mère, ses grands-parents et cinq de ses frères et sœurs en France. La petite compagnie s’installe à Tarbes, la ville natale du père de famille, située dans le sud-ouest de la métropole. Jules habite chez des cousins avec son frère aîné et fréquente le lycée Théophile Gautier de 1868 à 1875. Démontrant des résultats scolaires pas très exceptionnels, il est pris en charge par un répétiteur, Théophile Delcassé, un homme politique important de l’époque.
Après sa sortie du lycée de Tarbes, il repart vivre avec sa famille qui s’est installée à Paris. Il perd sa mère en 1877 à cause d’un accouchement difficile. En même temps, son père tombe gravement malade et est contraint de retourner à Tarbes. Lui-même est inscrit au lycée Fontanes à partir de ses 17 ans. Après trois tentatives pour réussir le baccalauréat, il n’y parvient pas. Les professeurs décèlent en lui une grande timidité causant l’échec de ses examens en oral. Il abandonne ses études sans voir obtenu son diplôme.
Malgré des résultats scolaires médiocres dans certaines matières, le jeune garçon se passionne toutefois pour la philosophie et la poésie. Il multiplie les séances de lecture de différentes œuvres dans les bibliothèques de la ville.
La découverte de la carrière dans la littérature entre 1879 et 1880
Jules Laforgue débute dans le milieu de la littérature en 1879 lorsqu’il participe à la réalisation de la revue La Guêpe. Celle-ci rassemble plusieurs anciens élèves du lycée de Tarbes et devient le support de ses premiers dessins et critiques. Ses premiers textes apparaissent l’année suivante, dans la revue appelée Vie moderne. Le papier appartient à Emile Bergerat qui lui permet de gagner quelques billets pour son travail.
Durant la même année, il fait la rencontre de Gustave Kahn, un poète symboliste de l’époque, célèbre pour ses nombreux pseudonymes. La rencontre se passe lors d’une réunion littéraire avec de grands poètes tels qu’Alphonse Allais, Emile Goudeau ou encore Charles Cros. C’est aussi l’occasion pour lui de connaître Stéphane Mallarmé avec qui il s’entendra bien. Gustave Khan l’encourage à postuler pour un emploi de secrétaire auprès de Charles Ephrussi. Auprès de ce dernier, Jules découvre le milieu de la peinture et en apprécie tout particulièrement les œuvres. Il participe à toutes les critiques de ce collectionneur d’art et en acquiert une expérience sûre.
Les citations de Jules Laforgue
La conquête de l’Allemagne à partir de 1881
Avec l’aide d’Amédée Pigeon, un de ses amis les plus proches, Jules Laforgue obtient le poste de lecteur auprès d’Augusta de Saxe-Weimar-Eisenach, l’impératrice de l’Allemagne. Son rôle est de faire passer des séances quotidiennes de lecture à la vieille dame de 71 ans. Selon les besoins de cette dernière, Jules est chargé de lire des passages d’ouvrages spécifiques ou encore de journaux du pays. En travaillant seulement deux heures par jour, il a la possibilité d’enrichir ses connaissances en littérature. Il dépense son salaire essentiellement dans l’achat de livres pour compléter sa collection.
Pendant son temps libre, il rédige bon nombre de textes concernant la ville de Berlin. Une grande partie est publiée dans le journal la Gazette des beaux-arts tandis que d’autres se retrouvent sur les pages de la revue Lutèce. Léon Vanier se chargera, par la suite de les publier sur le compte de leur auteur. Ce même éditeur assurera la publication de l’une des œuvres de Jules intitulé L’Imitation de Notre-Dame la Lune.
Jules restera aux côtés de l’impératrice pendant cinq ans en la suivant lors de ses déplacements. Il démissionne de son poste en 1886. Cette année sera également celle de sa rencontre avec sa future épouse, Leah Lee. Cette dernière lui enseigne l’anglais avant de devenir officiellement sa femme le 31 décembre. Le couple revient à Paris, l’état de santé de Jules étant de plus en plus alarmant.
Le jeune poète, tout juste âgé de 27ans, succombera à la phtisie, une forme de tuberculose humaine, le 20 août de l’année suivante. Sa femme ayant contracté la même maladie mourra le 6 juin 1888.
Ses œuvres principales
La majeure partie des œuvres de Jules Laforgue est réalisée pendant les cinq années qu’il a vécu en tant que lecteur pour l’impératrice. Outre L’Imitation de Notre-Dame la Lune, ses poésies publiées de son vivant sont Les Complaintes, parue en 1885 et Le Concile féerique en 1886.
Il réalise la traduction de Leaves of grass de Walt Whitman en une version française intitulée Feuilles d’herbe. Il écrit également Les Moralités légendaires, un recueil de contes en proses qu’il publie en 1887.
Plusieurs de ses œuvres sont publiés à titre posthume. Des Fleurs de bonne volonté, Derniers Vers de Laforgue, Le Sanglot de la terre ou encore Premiers poèmes paraissent entre 1890 et 1903. Ses nouvelles intitulées Berlin, la cour et la ville et Stéphane Vassiliew sont publiées en 1922 et 1946.
Dans toutes ses œuvres, le poète se démarque par l’inexistence d’une régularité dans ses vers. Reconnu pour avoir inventé le vers libre, son travail sera adopté par de nombreux auteurs.