Je suis née pour mourir ; il faudra que je meure.
Mais, avant que mon âme, ne s’envole aux cieux,
Avant, qu’au sablier du temps, ne sonne l’heure,
Je veux encor aimer, avant l’ultime adieu.
Et je veux me griser des splendides matins
Et du soleil couchant qui baptise le port,
Cheminer dans les bois, m’enivrer du parfum
Des embruns de la mer aux couleurs de l’aurore.
Je veux pouvoir, aussi, dans l’ombre des jardins,
Cueillir le mimosa, la rose ou la lavande,
Quand la brume est d’argent et enlace les pins
Et qu’un vent épicé fait frissonner la lande.
Quand l’orée de l’automne, en ses feuilles jaunies,
Emprisonne, en ses rets, les vestiges d’été,
Sous le galop léger des larmes de la pluie,
A la tombée du jour, j’apprendrai à t’aimer.
Quand l’hiver se prolonge en frissons obstinés
Et nous chasse, transis, sous la neige et le vent,
Je me réchaufferai près de la cheminée
Attendant, près de toi, le retour du printemps.
Voleront les années, passeront les hivers,
De l’été, au printemps, près du chat angora,
Puis, comme un écolier, mon âme buissonnière,
Sous la voûte étoilée, une nuit, s’en ira.