Dont au crépuscule tours et dômes
Reflètent leur irréel décor
Dans des mers qui baignent de royaumes.
Il y passe, sous de étendards,
Des rois fous d’avoir suivi la lune
Jusqu’à la pâle île des brouillards.
Et du port l’on voit, l’une après l’une,
Fuir, ouvrant la voile au vent lointain,
Des galères d’or aux hautes poupes
Où des reines lourdes de butin
Boivent le sang du soir dans des coupes.
La ville est maudite de Celui
Dont le temple est désert sur la place
Depuis que ses prêtres blancs ont fui
Sous les pierres de la populace.
Et des monts où les gardiens des tours
Hérissent leurs armes vers les astres.
Un soudain tonnerre de tambours
Tombe, tremblant aux futurs désastres
Qui feront hurler d’horreur les rois
Blottis comme des gueux sous les porches.
Et siffler le feu jusqu’aux beffrois
Sonnant l’heure des porteurs de torches.
Petits poèmes d’automne
Stuart Merrill