Je ne sais plus par quelle contrée

Dans  Petits poèmes d'automne,  Poésies Stuart Merrill
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Je ne sais plus par quelle contrée
D’étoiles et de roses de lune
Je t’ai perdue en cette vesprée
Où nos voix se turent l’une après l’une.

 


Au loin, c’est comme un murmure d’ondes
Coulant vers une mer inconnue.

Nos yeux suivaient le rêve des mondes,
Et notre âme attendait la venue
Du Christ ou de la Vierge Marie
Dans les roses de lune et les étoiles.

Au loin, le vent, comme un Dieu qui prie,
Souffle vers la mer l’essor des voiles.

Nos mains cherchaient l’ancienne caresse
Et nos lèvres la vieille parole ;
Mais nos gestes étaient de détresse,
Et nos mots tels un oiseau qui s’envole.

Au loin, comme des oublis, les feuilles
Voguent vers la mer où dort l’automne.

Ses yeux et ses lèvres que tu cueilles,
Dieu d’hiver dont le soleil s’étonne,
Refleuriront-ils comme les roses
Et les étoiles que nous aimâmes ?

Au loin, l’air est plein de voix moroses
Et la mer chante la mort des âmes.

 



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