J’ai dit à mon désir : pense à te bien guider,
Rien trop bas, ou trop haut, ne te fasse distraire.
Il ne m’écouta point, mais jeune et volontaire,
Par un nouveau sentier se voulut hasarder.
Rien trop bas, ou trop haut, ne te fasse distraire.
Il ne m’écouta point, mais jeune et volontaire,
Par un nouveau sentier se voulut hasarder.
Je vis le ciel sur lui mille orages darder,
Je le vis traversé de flamme ardente et claire,
Se plaindre en trébuchant de son vol téméraire,
Que mon sage conseil n’avait su retarder.
Après ton précipice, ô désir misérable !
Je t’ai fait dedans l’onde une tombe honorable
De ces pleurs que mes yeux font couler jour et nuit,
Et l’espérance aussi ta soeur faible et dolente,
Après maints longs détours, se voit changée en plante,
Qui reverdit assez, mais n’a jamais de fruit.
Cléonice
Philippe Desportes