Sous des déguisements divers,
Plâtre ou fard, selon ton envie,
Masque tes mœurs, cache ta vie,
Sois honnête homme, en fait de vers !
Un seul beau vers est une source
Qui, dans les siècles, coulera.
Dix ans, peut-être, on pleurera
Quelques mots trop prompts à la course.
La strophe aux gracieux dessins,
Où l’œil, en vain, cherche une faute,
N’est pas d’une valeur moins haute
Que la relique de nos saints.
Mais aussi, point de flatteries
Pour l’inepte ou le maladroit !
Le pur lettré seul a le droit
D’en arranger les broderies.
Tout poëme perd ses appas
Dans les bassesses du parlage.
Si nous traversons un village,
Causons-y, ― mais n’y chantons pas !
Poète Louis Bouilhet