Hymne dedié à M. Ingres

Dans  Marie,  Poésie Auguste Brizeux
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Pieux servants de l’art, conservez la beauté !
De ce moule où le monde en naissant fut jeté
Des types merveilleux sortirent ; le poète
Comme dans un cristal dans ses chants les reflète.
Par le grand ouvrier tel fut l’ordre prescrit :
Il mit les éléments sous la loi d’un esprit,
Pour que chaque rouage, en l’immense machine,
Remplit, sans dévier, sa fonction divine ;
Et les artistes saints, créateurs après Dieu,
Animés de son souffle, éclairés de son feu,

Durent par les couleurs, et le marbre, et la lyre,
Rendre de l’univers ce qu’ils y savent lire.
Il est doux par le beau d’être ainsi tourmenté,
Et de le reproduire avec simplicité ;
Il est doux de sentir une jeune figure
S’élever, sous nos mains, harmonieuse et pure,
Si belle qu’on l’adore et qu’on en fait le tour,
Amoureux de l’ensemble et de chaque contour ;
Sous la forme il est doux de répandre la flamme,
En s’écriant : « Voici la fille de mon âme !
Jusqu’au foyer d’amour pour elle j’ai monté :
Admirez ce reflet de la divinité ! »
Nous ne redirons pas ce que disait la haine,
Que toute poésie est une chose vaine :
Chanter, peindre, sculpter, c’est ravir au tombeau
Ce que la main divine a créé de plus beau ;
Chanter, c’est prier Dieu ; peindre, c’est rendre hommage
A celui qui forma l’homme à sa propre image ;
Le poète inspiré, le peintre, le sculpteur,
L’artiste, enfant du ciel, après Dieu créateur,
Qui jeta dans le monde une oeuvre harmonieuse,
Peut se dire : « J’ai fait une oeuvre vertueuse ! »
Le beau, c’est vers le bien un sentier radieux,
C’est le vêtement d’or qui le pare à nos yeux.

 

Auguste Brizeux

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