La poule d’or de Harlem pondera.
Les Centuries de Nostradamus.
Harlem, cette admirable bambochade qui résume l’école flamande, Harlem
peint par Jean Breughel, Peeter Neef, David Téniers et Paul Rembrandt;
Et le canal où l’eau bleue tremble, et l’église où le vitrage d’or flamboie, et le stoël[1] où sèche le linge au soleil, et les toits, verts de houblon;
Et les cigognes qui battent des ailes autour de l’horloge de la ville, tendant le col du haut des airs et recevant dans leur bec les gouttes de pluie;
Et l’insouciant bourguemestre qui caresse de la main son menton double, et l’amoureux fleuriste qui maigrit, l’oeil attaché à une tulipe;
Et la bohémienne qui se pâme sur sa mandoline, et le vieillard qui joue du Rommelpot[2], et l’enfant qui enfle une vessie;
Et les buveurs qui fument dans l’estaminet borgne, et la servante de l’hôtellerie qui accroche à la fenêtre un faisan mort.
Gaspard de la nuit
Aloysius Bertrand