J’ai dit à la forêt haute et pleine d’orgueil:
« Tuer, seul me déride;
J’irai dans tes abris dépister le chevreuil
Et le lièvre timide. »
Lors la forêt m’offrit, pour mon repos du soir,
Un lit d’herbe et de mousse
Où la lune envoyait, entre les rameaux noirs,
Une lumière douce.
Je sommeillais lorsque des grenouilles sautant,
Nombreuses et pressées,
« Tuer, seul me déride;
J’irai dans tes abris dépister le chevreuil
Et le lièvre timide. »
Lors la forêt m’offrit, pour mon repos du soir,
Un lit d’herbe et de mousse
Où la lune envoyait, entre les rameaux noirs,
Une lumière douce.
Je sommeillais lorsque des grenouilles sautant,
Nombreuses et pressées,
Se formèrent en choeur de musique imitant
Des guitares pincées.
Et comme pour répondre à l’orchestre du sol
Par des voix plus parfaites,
Par des accents venus du ciel, des rossignols
Chantaient parmi les faîtes.
L’âme bonne, au milieu du concert sans apprêts,
Je songeais sur ma couche,
À tous ceux-là, chasseurs, colons, que la forêt
A dévorés, farouche.
Au jour quand un chevreuil, avançant avec soin,
Prit l’ordinaire pente,
Par gratitude envers la nature obligeante,
Je ne le tuai point.
Les Alternances
Alphonse Beauregard