GLASGOW KO

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Chantiers navals, quoi d’plus banal,
Pense l’écossais du temps passé.
Quoi d’plus banal? Mais qu’ ça fait mal
Quand c’est fermé, quand c’est cassé!
Chômage, misère, putains d’quartiers
Abandonnés et délaissés
Par les dockers laissant la place
Aux p’tits dealers et à leurs casses.

Maison toute seule, abandonnée
Au vent qui feule, et balayée
Au beau mitant d’un champ de ruines
Gris fade, spongieux de grise bruine,
De murs broyés, blocs dechiqu’tés,
Toute exposée et dénudée.
Une impudique bâtisse qui ose,
Résiste,affronte, défie, expose
Ses dessous de lambris, de lambeaux
Pas beaux!

Comme cette nana à Edimbourgh,,
La peau fripée, la clope au bec’
La peau fripée, près d’ Waverley.
La peau fripée et tout autour
La foule qui roule dans un monde sec
Un monde lissé et elle, fripée…

Trente, quarante berges, vieille de Goya.
Trente, quarante ans, Goya déjà!
Fripes mal lavées, pas repassées,
Nana passée, vite trépassée
Mais dans ses yeux, pas des yeux d’vieux,
Y’a tout le gris de l’ Océan
Qui lui charrie sa triste vie,
Le refoulement de ses envies.

Des yeux d’vingt ans plongés, noyés
Dans les bleus yeux d’un mec paumé.
Nana toute seule, abandonnée,
Toute exposée puis explosée
Par les pétards de la misère.
Et ces deux mains, ces mains d’pochard,
Qui là, maint’nant, caressent sa peau,
Sa peau fripée, sa peau d’Madonne
Écartelée qu’un pâle sourire
Entre les doigts nicotinés,
Les mains sans force qui s’abandonnent,
Qui glissent ,esquissent, modèlent le pire
Le pire modèle de Waverley.

Arrêt image, la foule figée,
Trains détournés, locos bloquées,
Cabs arrêtés, pipe bags légers
Dans l’atmosphère déséthérée,
T’as tout cassé, petite pépée,
T’as tout bloqué, tout dérèglé
C’est ton moment d’éternité.
Tu viens d’sauver l’ abandonnée
La maison seule au vent qui feule
La dechiqut’ée aux murs broyés.

Demain tu meurs, plus d’peine de cœur,
T’es qu’une charogne dans la cité,
Dans la maison abandonnée
T’auras plus froid, t’auras plus peur.
Naviguent les trains, décollent les coachs,
C’en est fini d’ta vie si moche.
Putain, qu’c’est bien! T’les as baisés
Tu n’es plus rien, rien qu’un baiser
Qui laisse sa trace au creux des mains
D’un pauvre’ pochard, de Saint Martin.

 

Didier SERRURIER

Avril 2013

En bus entre Edinburgh et Glasgow et réciproquement.



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