Fanny de Beauharnais a pour véritable nom Marie-Anne-Françoise Mouchard de Chaban. Fanny de Beauharnais est son nom de plume, issu d’un pseudonyme et de son titre de comtesse de Beauharnais. Elle est une femme de lettres, une des premières à avoir combattu pour la place de la femme dans la littérature. Son obstination à donner une place aux femmes-auteurs lui a valu sa mauvaise réputation de « bas-bleu ».
Jeunesse et famille
Marie Mouchard de Chaban voit le jour lors du règne de Louis XV, le 4 octobre 1737. Elle naît du mariage entre François Abraham Marie Mouchard de Chaban et Anne Louise Lazure. Son père est écuyer et devient receveur général des finances de la ville de Champagne. Sa mère vient d’une longue famille de courtisans. Celle-ci meurt lorsque Marie n’a que deux ans et trois mois. Les fonctions de son père l’empêchent de pouvoir s’occuper seul de sa fille. Cette dernière est placée au couvent des Visitandines, à Paris, un établissement construit en 1619 par Sainte Jeanne de Chantal. Elle y reçoit une éducation stricte et propre à l’aristocratie.
Marie quitte le couvent le 1er mars 1753 lorsqu’elle est âgée de 15 ans. Elle est de suite mariée au comte Claude de Beauharnais qui a 20 ans de plus qu’elle. Les deux époux ont trois enfants, mais Marie a également des enfants illégitimes. Elle reconnaît notamment une fille comme étant la sienne pendant le Directoire.
Célibataire à nouveau
Après neuf ans de vie commune, les époux Beauharnais se séparent à l’amiable en 1762. Fanny revient vivre chez son père où elle compose quelques ébauches de vers. Sa passion pour la littérature commence dès l’âge de 10 ans lorsqu’elle écrit ses premiers. Toutefois, ses premières œuvres publiées n’apparaissent qu’en 1772. Pendant les premières années de la mise en place de la revue l’Almanach des Muses, à partir de 1765, elle en devient l’une des plus fidèles membres avec quelques icônes de la littérature de la même époque tels que Voltaire, Dorat, La Harpe ou encore Arnault et Bonnard.
Elle compte parmi ses relations les plus intimes d’autres poètes tels que Claude Joseph Dorat. Les deux personnages deviennent amants jusqu’au décès de Claude, en 1780. Fanny entretient ensuite le même type de relation avec Michel de Cubières-Palméreaux. En 1782, lorsque le comte de Beauharnais décède, Fanny réintègre le couvent.
Sortie du couvent
Fanny ressort du couvent en 1785 et s’installe à Paris. Ses relations amicales se multiplient et elle reçoit plusieurs personnalités célèbres dans le milieu de la littérature de l’époque. Louis-Sébastien Mercier, Cazotte, Bitaubé, Soulavie, Dussaulx, Brizard ou encore de Rochefort deviennent ses amis. D’autres grands auteurs tels que Rousseau, Buffon et Mably visitent également régulièrement son salon. Elle est aussi en très bon termes avec Frédéric le Grand, le roi de Prusse et Jefferson, l’ambassadeur américain.
Fanny et la Comédie française
À partir de 1782, le succès est au rendez-vous pour Fanny lorsqu’elle parvient à intégrer l’Académie de Lyon puis l’Académie d’Arcadie de Rome en 1788. L’année suivante, elle se fait arrêter. Elle déménage en Italie, puis à Lyon où elle répond présente à une représentation de l’Académie de Lyon.
Elle revient à Paris vers la fin de l’année 1790 et parvient à organiser son propre salon.
En 1793, Fanny Beauharnais est chamboulée par l’arrestation de sa fille, Marie Françoise. Celle-ci passe quelques temps à Sainte Pélagie, mais en ressort quelques mois plus tard. Fanny quant à elle déménage de domicile en domicile pour s’installer finalement dans la rue de Sèvres à partir de 1799.
Calomnies
Durant sa carrière dans la littérature, Fanny de Beauharnais subit de nombreuses calomnies pour ses œuvres. Le 31 janvier 1797, Fanny compose une scène de théâtre qui est représentée à la comédie française. Elle s’intitule Fausse inconstance, une œuvre qui subit plusieurs interruptions bruyantes, appelées dans le domaine claques, lors de ses présentations. Dès lors, son combat pour gagner une place en tant que femme-auteur commence.
Sa fin de vie
Durant les dernières années de sa vie, Fanny de Beauharnais continue de recevoir plusieurs personnalités dans son salon. Grâce à ses relations, elle peut compter sur plusieurs personnages influents tant dans le domaine politique du pays que dans le milieu littéraire. Elle vit, par exemple une grande amitié avec l’Empereur. L’un de ses fils est aussi sénateur d’Amiens. Elle est la grand-mère de Stéphanie de Bade, la princesse et grande-duchesse de Bade. Fanny est également la grande tante du Vice Roi d’Italie ainsi que la marraine d’Hortense Eugénie Cécile de Beauharnais, la Reine de Hollande.
Son salon est régulièrement fréquenté par Mercier, Delisle de Sales, Boufflers ou encore Vigée. À ces occasions, elle continue à paraître belle en étant maquillée et vêtue de ses plus beaux atours.
En 1810, elle participe au succès de Fortunée Briquet dans le monde de la poésie avant de mourir, le 2 juillet 1813 à l’âge de 75 ans.
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