Jaillissant de la terre
Si douce et si amère
Aux portes de la nuit.
Le silence se meurt sur la langue de l’aube
Commissure de vie, tressaillante émeraude.
Sur le bras noir du Temps se forge staccato
La folie d’une vie vaguant comme un pavot.
Un cri s’épanouit, embrasure du rêve
Comme une fleur de sang jaillissant sur ma peau.
Un pétale frissonne et m’inonde de sève
A la chair nue de l’aube étincelle un flambeau.
Être,
La nuit et puis le jour
La vie et puis l’amour.
Être argile de verts en limons incarnats,
Brasser le lit des fleuves en coupes de lumière,
Être fleur de rosée dans le cœur de la mer,
Veiner le ciel du sang des larmes de Judas.
Craqueler le remords hibernant sur nos lèvres,
Égratigner la chair en écorces de croix,
Être perle de feu frémissante de fièvre,
Dans la nuit dentelée en étoiles lilas
Nacrer les volets bleus de larmes qui achèvent
Un jour ocré d’envie, de faim et puis d’ennui
Blesser notre folie en aubes qui se lèvent
Fissurer le silence au ventre de la nuit.
Être,
Puis enfin ne plus être qu’un lambeau de poussière
Qu’une larme de rêve sur un divin grabat
Naître,
Qu’un haillon de mystère, un pétale de chair
Au destin si amer que ce doux catleya.